MAX WECHSLER
Respiration du silence
Quand j’étais enfant… Berlin m’a empli de sa lumière singulière…
Ces souvenirs intériorisés, emportés dans l’exil, puis la privation soudaine de la langue maternelle m’ont laissé le sentiment d’un manque.
C’est cette quête que je poursuis encore maintenant pour essayer de reconquérir cet autrefois… celui de la langue, du mot, de la lettre…
Je voudrais réussir à capter la lumièree à la fois de l’extérieur et en même temps générer l’autre lumière, celle qui émane de l’œuvre… ce voile qui protège l’énigme…
Ma démarche consiste à défaire la lettre de son usage écrit, de la déconstruire, la transformer pour n’en retenir qu’un contour par-ci, un trait par-là, parfois seulement une courbe…
Et c’est cette multitude de particules issues de la lettre qui devient ma texture et l’unique ingrédient de mes tableaux.
Jamais la lettre n’est totalement effacée, il émanera toujours quelque chose de son origine écrite… Convertie en signes illisibles la lettre devient son autre et s’empare de l’espace…
De la lettre matériellement absente subsistera toujours une trace témoin de son origine. Cette métamorphose confirme l’omniprésence de la lettre qui refuse sa disparition.
Il me plait d’associer ainsi la part de ce qui sera ignoré à jamais de celle qui par ailleurs demeurera indélébile…
Mais ma limite sera toujours de me tenir à la marge du visible et de l’invisible…
Chaque surface terminée est un tremplin pour ce qui lui succède et cet enchaînement est comme une filiation qui se nourrit de ses origines…
Ces pièces qui semblent n’être que des fragments demeurent pour moi un tout-intégral où chaque nouvelle disposition propose un « espace plastique » inédit…
Me demander si le fragment fait l’œuvre ou l’œuvre le fragment…Je dirais qu’ils sont indissociables pour moi et ne font qu’un seul lieu de résonances.
Max Wechsler - Revue Esquisse(s) N°5, Le Félin.
Nouveau ! Exposition Max Wechsler à la Galerie Dutko du 20 avril au 28 mai 2023 |