MAURICE BENHAMOU
Max Wechsler, Dessins
...ici la reproduction n’est pas reproductrice : Max Wechsler veut générer ce qui n’existe pas encore. Le recours à la photocopie est une ressaisie qui exalte les lividités, les béances, les brouillages, les écrasements d’encre, les surfaçages, créant « un frisson nouveau ». Déplacements, décentrements, agrandissements successifs ou autres changes de formes constituent par essence le mode de toute création. L’on ne crée que sur ce qui a déjà été créé. Ce que l’artiste obtient dans l’ultime photocopie n’a ni ressemblance ni analogie avec l’original. C’est comme copie avec des caractéristiques de copie qu’il est un original. En vérité copie de rien. Pure présence nouvelle et indépendante. Pure différence. Une esthétique de la copie. Des lettres erratiques, parfois comme déformées par un milieu colloïdal, apparaissent par des jours que creuse le peintre dans l’opacité du monde. Une sorte de code génétique coextensif à l’univers, sa doublure dont le déploiement et la lisibilité, sinon l’intelligibilité, sont justement le monde. Les fragments que le peintre produit à la lumière en constituent l’abstraction et ce qu’ils révèlent c’est la sensibilité cachée d’une réalité qui s’offre avec tant de rudesse. Un monde à vivre non à lire. Mais à vivre désormais avec cette sensibilité et cette minutie que nous enseigne l’œuvre.
« sans titre, 1 » et « sans titre, 2 » - Vingt-six poèmes vingt-six œuvres - Édition Espace-Abstraction.